Tambours aña et aberikula
Il existe deux sortes de batá: les consacrés et les non-consacrés. Les premiers sont appelés "aña", les seconds "aberikula". Les différences entre les deux sont la plupart du temps physiques mais avant tout d'ordre symbolique.
Les tambours batá traditionnels sont consacrés par des osaïnistes (prêtre d'Osaïn), et exclusivement joués par des hommes appelés "olu-batá" ou "omo-aña", Aña étant la divinité qui vit dans les tambours et à laquelle ils se vouent.
Traditionnellement, l'apprentissage des batá se fait en trois étapes : on commence par apprendre à jouer de l'okonkolo, puis l'on passe à l'itotélé avant d'apprendre les rythmes de l'iya. Lors de la consécration des tambours, l'homme à qui ils appartiennent dépose un secret à l'intérieur des instruments connu de lui seul et appelé "élé". Il est ainsi lié à ses tambours et doit suivre certaines règles de vie. Il est alors appelé "olu-batá".
Les batá traditionnels consacrés sont entièrement en bois, d'une seule pièce, creusés dans un tronc d'arbre et ne possèdent pas de métal. Les peaux sont tendues par des tirants de cuir et non par des clés. Certains disent que cela est dû au fait que, les batá ayant pour maître Chango, celui-ci ne pourrait supporter sur ses tambours la présence d'Ogun, maître des métaux et avec lequel il est fâché.
Le son des batá consacrés est obligatoirement accompagné de celui de clochettes. Car, à chaque extrémité de l'iya est placée une ceinture de grelots et de sonailles. Celle qui entoure la boca est appelée "chaworo" et celle qui entoure le chacha est appelée "chawiri". Aussi, chaque batá est entouré d'une couverture appelée "banté", brodée de perles et de "cauris", coquillages très utilisés dans la santéria pour prédire l'avenir en raison de leur ouverture en forme de bouche.
Les batá "aberikula", c'est-à-dire non-consacrés, peuvent être fabriqués en bois, d'une seule pièce ou en lattes. Aux Etats-Unis, certaines marques d'instruments de percussion les fabriquent en résine ou en fibre de verre. Aussi, ils ont généralement des clés en métal en guise de tirants, ce qui permet d'obtenir une tension des peaux plus fiable et plus précise ainsi qu'un accordage plus rapide. Ils peuvent être joués en dehors des cérémonies.
Qu'ils soient consacrés ou non, on pose généralement sur la boca de l'iya et de l'itotélé, une sorte de pâte de cire et l'huile de pin appelé "fardela". On la pose de manière à ce qu'elle forme un anneau ou parfois un cercle plein au centre de la peau. Sa couleur est variable, Elle peut-être rouge sombre à Santiago de Cuba ou ocre-jaune à Matanzas. En dehors d'une signification symbolique que l'on n'a pu préciser, cette pâte est d'une grande importance dans l'accordage des peaux et dans la fabrication du son propre aux batá.