Histoire de Cuba et des tambours batá
- Les tambours batá
- Fonction traditionnelle et usages modernes
- Histoire de Cuba et des tambours batá
- Tambours aña et aberikula
- Le jeu des batá dans une cérémonie
- Panthéon Yoruba
Découverte en 1492, l'île de Cuba fût le lieu d'exil de nombreux peuples d'Afrique occidentale. Avec l'intensification de la culture de la canne à sucre, le XIXème siècle connaît un regain du trafic d'esclaves. Achetés comme main d'oeuvre par les colons espagnols, les peuples d'Afrique de l'ouest sont les plus touchés par ce commerce. Une fois le pied sur le sol cubain, les familles sont séparées et les colons mélangent volontairement les individus de différentes ethnies afin de désamorçer toute révolte. Malgré leurs différences, certains de ces peuples parlent une même langue, le yoruba, et ont des divinités communes, les Orishas.
Afin d'adopter le culte catholique imposé, les esclaves adaptent leur liturgie en liant leurs orishas à des saints. Dans la pratique de la religion catholique par la population espagnole, le culte de multiples saints susceptibles de venir en aide aux croyants permet aux peuples yorubas d'intégrer martyrs et apôtres à leur panthéon. Suivant leurs similitudes, saints et orishas sont donc associés selon la ressemblance des légendes où ils apparaissent et sont fêtés le même jour. Ils créérent ainsi la Santéria (le culte des saints) ou Regla de Ocha ou culte Lucumi.
Ainsi, Orula, orisha bienfaiteur des hommes, fût sincrétisé avec Saint-François d’Assises incarnant la charité chrétienne. Babalu Ayé, Orisha de la santé et de la maladie fût sincrétisé avec Saint-Lazare, rescucité par Jésus et mort en martyr à Marseille. Inlé, orisha médecin fût sincrétisé avec l’archange Raphaël réalisant de nombreux miracles et dont le nom signifie “Dieu guérit”.
De cette manière, la religion africaine en arrivant à Cuba fût aussitôt réinventée par les esclaves qui s'adaptèrent à la culture dominante. Aujourd'hui, la culture yoruba et la Santéria sont toujours vivantes et présentes dans tous les milieux de la société cubaine. La pratique de la Santéria se traduit par des offrandes et des cérémonies où la danse et les tambours batá accompagnent des chants en lucumi (mélange de yoruba et de dialectes espagnols hérité du XIXème siècle). Les tambours batá jouent donc un rôle essentiel dans les relations des croyants avec les orishas.