Le jeu des bata dans une cérémonie

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   "Batá" signifie "tambour" en yoruba. Dans une cérémonie, les batá servent à parler aux orishas (divinités), à les appeler et à les implorer. La finalité d'une cérémonie peut être de rendre hommage à un défunt, purifier la maison des mauvais esprits, appeler la protection de tel ou tel orisha, fêter le passage d'un enfant à l'âge adulte ou consacrer un joueur de tambour à Aña. Tout-un-chacun peut demander la célébration d'une cérémonie. Elle se déroule généralement dans sa propre maison. A Santiago de Cuba, on dit que l'on va à "un tambor". Tout le monde peut entrer mais il arrive, parait-il, que certaines personnes, peut-être malveillantes, soient obligées de sortir de la maison comme chassées par les esprits du lieu.

      Chaque cérémonie commence par une partie jouée exclusivement par les tambours batá et appelée "oro seco" ou "oro de l'igbodu". Aucun chant ne vient s'y joindre et sa durée est d'environ vingt à vingt-cinq minutes.

Chango : orisha de la virilité et de la musique © artesdrums
Chango : orisha de la virilité et de la musique © artesdrums

      L"oro seco" est l'enchaînement de vingt-deux toqués consacrés aux vingt-deux orishas principaux du panthéon cubain, un toqué étant lui-même un enchaînement de un à sept ou huit rythmes précis et dédié à une divinité.

      Un toqué est généralement construit de la manière suivante : L'iya fait un appel auquel répondent l'itotélé et l'okonkolo, ce dernier ayant un rôle de cadence et de base rythmique. Au cours du toqué, l'iya fait d'autres appels qui amènent d'autres réponses du second et de l'okonkolo et ainsi s'imbriquent les rythmes qui composent un toqué.

       Aussi, l'oro seco constitue l'invitation et le salut aux orishas et il se doit d'être joué dans un ordre précis. Cependant, cet ordre peut être modifié selon la région, mais surtout suivant l'orisha auquel la cérémonie est dédiée, car le toqué lui étant consacré change de place. Chacun reconnait ainsi quelle divinité est particulièrement sollicitée ce jour-là. De façon immuable, il faut savoir qu'Eleggua est toujours salué en premier puis en fin de cérémonie, étant donné son rôle primordial dans l'ouverture et la fermeture des chemins.

Obatala : orisha créateur de la terre et de l'homme © artesdrums
Obatala : orisha créateur de la terre et de l'homme © artesdrums

      Une fois tous les orishas appelés et salués, commence alors "l'oro cantado", durant lequel les chants interviennent, dirigés par le chanteur soliste appelé "akpwon", à qui répondent les choeurs formés par tous ceux qui assistent à la cérémonie. Ainsi accompagnés des chants, les batá peuvent jouer certains toqués de "l'oro seco" mais aussi d'autres toqués consacrés aux mêmes orishas mais joués seulement dans "l'oro cantado". 

       Certains toqués sont joués avec de nombreux chants et reviennent régulièrement au cours d'une même cérémonie. C'est le cas des toqués tels que Chachalékuafun, Yesa, Niongo ou Yacota. Tous les autres toqués sont consacrés à un ou plusieurs orishas particuliers, un même orisha pouvant posséder plusieurs toqués. Souvent, un rythme correspond à un épisode de l'histoire de la divinité appelé camino (chemin) et qui équivaut à une facette de sa personnalité. Enfin, tous les toqués ne peuvent être joués au cours d'une même cérémonie, d'une part en raison de leur nombre et d'autre part, certains orishas n'étant pas en très bons termes, il s'agit d'éviter toute contrariété à l'orisha invité ce jour-là !